Pour votre Josué, je ne saurais vous dissimuler qu’il est mauvais. Vous n’avez ni cette variété de pensées, ni cette chaleur, ni ce terrible qui convient à un peintre de batailles. Pour trouver le geste et la tête d’un homme qui commande au soleil, il faut y rêver longtemps. Du pas dont vous allez, peut-être dans deux ans d’ici vous sera-t-il permis de tenter de ces grandes machines-là. Vous avez réussi dans une élégie, et vous méditez un poëme épique ! Halte-là, s’il vous plaît ! vous ne vous doutez pas encore des connaissances nécessaires à un peintre de batailles.
Voilà une Mort de César où les figures sont maigres, raides et isolées. Rien ne répond à l’importance du sujet ; c’est un guet-apens ordinaire. Gardez-vous bien de mettre cette ébauche en couleur ; ce serait du temps et de l’huile perdus.
Il est mieux.
(dessiné à la sanguine)
Convenez que le professeur qui retouche les élèves qui vont dessiner à l’Académie l’aurait déchiré. Monsieur de La Grenée, je vous parle avec franchise, parce que je vous aime et que je suis content de votre Suzanne, mais très-content ; si vous m’en croyez, vous vous en tiendrez aux tableaux de chevalet, et vous laisserez là ces énormes compositions qui demandent de grands fronts et quelques-unes de ces têtes énormes que Raphaël, le Titien, Le Sueur ont portées sur leurs épaules, et dont Deshays a quelques traits.