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ses vêtements ; cela se peut ; on dit que son atmosphère n’est pas assez poudreuse ; cela se peut ; que les petites lumières partielles des sabres, des casques, des fusils et des cuirasses heurtées trop rudement, font ce qu’on appelle papilloter le tout, surtout quand on regarde le tableau de près ; cela se peut encore ; on dit que cet effet ressemble à celui du plafond de la galerie éclairée par la surface d’une eau vacillante, cela se peut encore. Avec tous ces défauts, c’est un grand et beau tableau, et ceux qui les ont relevés voudraient bien l’avoir fait. Moi, qui aime à mettre les choses en place, je le transporte d’imagination dans un des appartements du château de Potsdam.

Il y a du même peintre quelques petits tableaux de paysages. En vérité cet homme a bien du feu, bien de la hardiesse, une belle et vigoureuse couleur. Ce sont des rochers, des eaux, et pour figures des soldats qui sont en embuscade ou qui se reposent. On croirait que chaque objet est le produit d’un seul coup de pinceau ; cependant on y remarque des nuances sans fin. On dit que Salvator Rosa n’est pas plus beau que cela quand il est beau.

Il y a de lui encore deux batailles en dessin qui ne sont pas déparées par celle qu’il a peinte.

Ce Casanove est dès à présent un homme à imagination, un grand coloriste, une tête chaude et hardie, un bon poëte, un grand peintre.


M. BAUDOUIN[1],


PEINTRE EN MINIATURE NOUVELLEMENT REÇU.


Ce peintre a exposé sur la fin du Salon plusieurs jolis tableaux en miniature : mais ils étaient placés vis-à-vis de la Bataille de Casanove ; et le moyen de les regarder ?

  1. Pierre-Antoine Baudouin, né à Paris en 1723, académicien en 1763, mort en 1769.