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SALON DE 1761

À MON AMI MONSIEUR GRIMM.


Voici, mon ami, les idées qui m’ont passé par la tête à la vue des tableaux qu’on a exposés cette année au Salon. Je les jette sur le papier, sans me soucier ni de les trier ni de les écrire. Il y en aura de vraies, il y en aura de fausses. Tantôt vous me trouverez trop sévère, tantôt trop indulgent. Je condamnerai peut-être où vous approuveriez ; je ferai grâce où vous condamneriez ; vous exigerez encore je serai content. Peu m’importe. La seule chose que j’ai à cœur, c’est de vous épargner quelques instants que vous emploierez mieux, dussiez-vous les passer au milieu de vos canards et de vos dindons[1].


LOUIS-MICHEL VAN LOO.


Le premier tableau qui m’ait arrêté est le Portrait du Roi[2]. Il est beau, bien peint, et on le dit très-ressemblant. Le peintre a placé le monarque debout, sur une estrade. Il passe. Il a la tête nue. Sa longue chevelure descend en boucles sur ses épaules. Il est vêtu du grand habit de cérémonie. Sa main droite est appuyée sur le bâton royal. Il tient, de la gauche, un chapeau chargé de plumes. Le manteau royal qui couvre sa

  1. Chez Mme d’Épinay.
  2. Tableau de 8 pieds de hauteur sur 10 de largeur ; no 1. Il y a, à Versailles, no 2,207, une tapisserie de Cozette, d’après le portrait du roi fait par Michel Van Loo en 1760, après son retour d’Espagne.