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Mme VIEN[1].


Les morceaux d’histoire naturelle de Mme Vien ont le mérite qu’il faut désirer : la patience et l’exactitude. Un portefeuille de sa façon instruirait autant qu’un cabinet, plairait davantage et ne durerait pas moins.


DROUAIS[2].


Si vous êtes curieux de visages de plâtre, il faut regarder les portraits de Drouais. Mais à quoi tient cette fausseté ? Cela n’est pas dans la nature, ces gens voient donc d’une façon et font d’une autre.


DESHAYS[3].


On loue un Martyre de saint André[4], par Deshays. Je ne saurais qu’en dire. Il est placé trop haut pour mes yeux… Quant à son Hector exposé sur les rives du Scamandre[5], il est vilain, dégoûtant et hideux. C’est un malfaiteur ignoble qu’on a détaché du gibet… Il y a du même Une Marche de voyageurs dans les montagnes, je n’ose juger des figures ; mais je crois le paysage beau, il m’a rappelé plusieurs fois. Les arbres, les roches, les eaux font un bel effet. Il y a de la poésie dans la composition et de la force dans la couleur. Quand on compare ce morceau avec les autres du même, on dirait qu’il n’est pas de lui. Ô la belle solitude ! Je l’imagine avec plaisir. M*** dit que c’est une imagination. Je le croirais bien.

  1. Mme Vien (Marie Reboul), née à Paris en 1728, élève de son mari, morte en 1805, était académicienne depuis 1757. Elle avait exposé, en 1759, des fleurs, des papillons, une perdrix, etc.
  2. François-Hubert Drouais, qui signait : Drouais le fils, était né à Paris le 14 décembre 1727, il y mourut le 21 octobre 1775. Il étudia sous Nonnotte, Carle Van Loo, Natoire et Boucher. Il était académicien depuis 1758. Les portraits qu’il avait exposés en 1759 sont anonymes au livret, sauf ceux de Coustou et de Bouchardon.
  3. Jean-Baptiste Deshays, dit le Romain, né à Rouen en 1729, mort à Paris en 1765, était académicien depuis 1758.
  4. Grand tableau destiné pour l’église Saint-André de Rouen ; no 91.
  5. Sujet tiré de l’Iliade, chant XXII ; tableau de 8 pieds de haut sur 5 de large ; no 92.