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Madame Bertrand.

Et trois.

Monsieur Hardouin.

Pas infiniment, madame, et cela n’encourage pas à servir. Mais venons au fait : de quoi madame de Chepy se plaint-elle ?

Madame de Chepy.

Elle se plaint de ce que M. Hardouin lui permet de se compter au nombre de ses amis ; qu’elle arrive à Paris malade et pour six semaines ; de ce qu’on daigne à peine une fois s’informer de sa santé ; et qu’on choisit tout juste ce temps pour se renfermer dans une campagne et s’exténuer l’âme et le corps, à quoi faire ? peut-être un mécontent.

Monsieur Hardouin.

Peut-être deux ; un autre et moi.

Madame de Chepy.

Ce n’est pas M. Hardouin qui me cherche, c’est madame de Chepy qui court après lui. À force d’émissaires, enfin elle parvient à le déterrer. Elle est installée chez une femme charmante qui l’estime et qui l’aime ; elle désire lui témoigner sa sensibilité pour toutes ses attentions, par une petite fête. Elle a recours à son ancien ami M. Hardouin, et ce qu’il a fait pour vingt autres qui ne lui sont rien, qu’il connaît à peine, il le refuse à madame de Chepy pour l’offrir à sa femme de chambre : monsieur, madame, qu’en pensez-vous ?

Monsieur des Renardeaux.

Ce n’est que cela ? Et s’il vous en coûtait dix mille francs, comme à moi ?

Madame Bertrand.

Et s’il vous en coûtait l’honneur comme à moi ? Je les trouve plaisants tous deux, l’une avec sa pièce, l’autre avec ses dix mille francs.

Monsieur Hardouin.

Mais, madame, si la pièce était faite.

Madame de Chepy.

Oui, si, mais elle ne l’est pas ; et quand elle le serait, si elle m’est inutile à présent qu’il n’y a rien d’arrangé et que tous mes acteurs sont en déroute ?