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jamais ce qu’elles feront, et que vous irez vivre et mourir où il plaira à votre mauvais génie de vous mener. Ne faites point de projets.

Monsieur Hardouin.

Ma foi, j’en ai tant fait qui se sont évanouis, que ce serait le mieux ; mais on fait des projets, comme on se remue sur sa chaise quand on est mal assis.

Monsieur des Renardeaux.

Et la dame, quand la verrez-vous ?

Monsieur Hardouin.

Aujourd’hui.

Monsieur des Renardeaux.

Elle est fine ; prenez garde qu’elle n’évente notre complot.

Monsieur Hardouin.

Est-ce que cela vous viendrait à sa place, à vous avocat, avocat bas-normand ?

Monsieur des Renardeaux.

Peut-être ; je suis quelquefois délié. Et quand vous reverrai-je ?

Monsieur Hardouin.

Dans la journée.

Monsieur des Renardeaux.

Où ?

Monsieur Hardouin.

Ici. Habitez-vous toujours votre grenier, rue de la Flèche ?

Monsieur des Renardeaux.

Toujours. Ne plaidez pas, entendez-vous, et tirez de la dame Servin le meilleur parti que vous pourrez. J’ai trois enfants ; et elle n’a que sa fille, cette vieille folle qui est laide et méchante comme un singe malade, et sourde en sus comme un pot. Elle est riche, et je ne le suis pas. Adieu.

Monsieur Hardouin.

Adieu.

Monsieur des Renardeaux, du fond du théâtre.

Et la chaise à porteurs.

Monsieur Hardouin.

Et la chaise à porteurs… Me voilà seul enfin, et je puis rêver.