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peine de le faire ; ou si cela est passable, le jeu des acteurs le rend plat.

Mademoiselle Beaulieu.

Il paraît que monsieur Hardouin n’a pas une haute idée de notre talent.

Monsieur Hardouin.

S’il faut, mademoiselle, vous en dire la vérité, j’ai vu les acteurs de société les plus vantés, cela fait pitié ; le meilleur n’entrerait pas dans une troupe de province et figurerait mal chez Nicolet.

Mademoiselle Beaulieu.

Voilà que je suis aussi piquée de mon côté. Savez-vous que je me mêle de jouer.

Monsieur Hardouin.

Tant pis, mademoiselle ; faites des boucles.

Mademoiselle Beaulieu.

Ne m’avez-vous pas dit que vous feriez la pièce si je le voulais ? Je ne sais si un poëte est un honnête homme, mais on a dit de tout temps qu’un honnête homme n’avait que sa parole. Je veux vous convaincre que l’auteur s’en prend souvent à l’acteur, quand il ne devrait s’en prendre qu’à lui-même ; je veux que vous vous entendiez siffler, et que vous nous entendiez applaudir jusqu’aux nues.

Monsieur Hardouin.

Mademoiselle me jette le gantelet, il faut le ramasser. J’ai promis de faire la pièce, et je la ferai.



Scène XII


MONSIEUR HARDOUIN, MADEMOISELLE BEAULIEU, MADAME DE CHEPY.
Madame de Chepy.

Eh bien, mademoiselle, avez-vous réussi ? Je crois vous en avoir laissé le temps et la commodité.

Monsieur Hardouin.

Oui, madame, elle a réussi, et la pièce se fera.