tomba de la brochure imprimée ; je l’ouvris, je le lus, et aujourd’hui même j’en suis douloureusement ému en songeant à l’avenir des œuvres dramatiques…
« La comédie de Diderot avait été soumise à l’examinateur dont voici le rapport :
Cette comédie, retrouvée dans les écrits de Diderot, n’a pas été imprimée dans la dernière édition des œuvres inédites de l’auteur, parce que les éditeurs ont pensé qu’elle pourrait être représentée sur la scène française.
Les éditeurs ont eu raison, et nous considérerions comme une bonne fortune pour le Théâtre-Français la représentation de cette pièce. C’est une peinture de mœurs pleine de verve en même temps qu’une excellente comédie de caractères. Outre que Diderot s’y met personnellement en scène, le style porte le cachet de la manière impossible à imiter du célèbre philosophe. C’est la belle langue du dix-huitième siècle dont le secret est perdu. Les traits y sont vifs, acérés, la plaisanterie souvent amère, la phrase concise et toujours gracieuse, les remarques profondes et toute celle gaieté est un peu triste. Les allusions quelque peu libres que l’on rencontre dans le dialogue sont de l’époque et se trouvent d’ailleurs dans la plupart des pièces de l’ancien répertoire, sans avoir toujours, comme ici, la même finesse et le même esprit.
Sans doute, il y aurait à faire quelques légères coupures qu’il faudrait pratiquer avec discrétion de peur de rien gâter, mais ce sont là de simples détails qui ne feraient que ressortir la délicate ciselure du diamant retrouvé.
Nous avons donc la ferme conviction que remettre Diderot en lumière dans des conditions tout à fait contraires au Père de famille serait pour la Comédie-Française une détermination qui amènerait honneur et profit.