Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

VII ====


Dorval seul :

J'aurai donc tout sacrifié. La fortune ! ( Il répète avec dédain : ) La fortune ! ma passion ! la liberté. Mais le sacrifice de ma liberté est-il bien ? O raison! qui peut te résister, quand tu prends l'accent enchanteur et la voix de la femme? Homme petit et borné, assez simple pour imaginer que tes erreurs et ton infortune sont de quelque importance dans l'univers; qu'un concours de hasards infinis préparait de tout temps ton malheur; que ton attachement à un être mène la chaîne de sa destinée: viens entendre Constance; et reconnais la vanité de tes pensées Ah ! si je pouvais trouver en moi la force de sens et la supériorité de lumières avec laquelle cette femme s'emparait de mon âme et la dominait, je verrais Rosalie, elle m'entendrait, et Clairville serait heureux Mais pourquoi n'obtiendrais-je pas sur cette âme tendre et flexible le même ascendant que Constance a su prendre sur moi? Depuis quand la vertu a-t-elle perdu son empire? Voyons-la, parlons lui, et espérons tout de la vérité de son caractère et du sentiment qui m'anime. C'est moi qui ai égaré ses pas innocents; c'est moi qui l'ai plongée dans la douleur et dans rabattement; c'est à moi à lui tendre la main; à la ramener dans la voie du bonheur.

























=== ACTE