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frère ?… Vous ne savez pas ce qui se passe autour de vous. Tandis que vous donnez dans une sécurité qui n’a point d’exemple, ou que vous vous abandonnez à une tristesse inutile, le désordre s’est établi dans votre maison. Il a gagné de toute part, et les valets, et les enfants, et leurs entours… Il n’y eut jamais ici de subordination ; il n’y a plus ni décence, ni mœurs.

Le Père de famille.

Ni mœurs !

Le Commandeur.

Ni mœurs.

Le Père de famille.

Monsieur le Commandeur, expliquez-vous[1]… Mais non, épargnez-moi…

Le Commandeur.

Ce n’est pas mon dessein.

Le Père de famille.

J’ai de la peine, tout ce que j’en peux porter.

Le Commandeur.

Du caractère faible dont vous êtes, je n’espère pas que vous en conceviez le ressentiment vif et profond qui conviendrait à un père. N’importe ; j’aurai fait ce que j’ai dû ; et les suites en retomberont sur vous seul.

Le Père de famille.

Vous m’effrayez. Qu’est-ce donc qu’ils ont fait ?

Le Commandeur.

Ce qu’ils ont fait ? De belles choses. Écoutez, écoutez.

Le Père de famille.

J’attends.

Le Commandeur.

Cette petite fille, dont vous êtes si fort en peine…

Le Père de famille.

Eh bien ?

Le Commandeur.

Où croyez-vous qu’elle soit ?

Le Père de famille.

Je ne sais.

  1. Dans l’édition conforme à la représentation, le Commandeur répond à ce moment : Du caractère faible, etc.