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Scène VI


CÉCILE, seule. (Elle va ; elle vient ; elle dit :)

Je ne sais que devenir… (Elle se tourne vers le fond de la salle et crie :) Germeuil… Saint-Albin… mon père, que vous répondrai-je !… Que dirai-je à mon oncle ?… Mais le voici… Asseyons-nous… Prenons mon ouvrage… Cela me dispensera du moins de le regarder. (Le Commandeur entre[1] ; Cécile se lève et le salue, les yeux baissés.)



Scène VII


CÉCILE, LE COMMANDEUR.
Le Commandeur se retourne, regarde vers le fond et dit :

Ma nièce, tu as là une femme de chambre bien alerte… On ne saurait faire un pas sans la rencontrer… Mais te voilà, toi, bien rêveuse et bien délaissée… Il me semble que tout commence à se rasseoir ici.

Cécile, en bégayant.

Oui… je crois… que… Ah !

Le Commandeur, appuyé sur sa canne et debout devant elle.

La voix et les mains te tremblent… C’est une cruelle chose que le trouble… Ton frère me paraît un peu remis… Voilà comme ils sont tous. D’abord, c’est un désespoir où il ne s’agit de rien moins que de se noyer ou se pendre. Tournez la main, pist, ce n’est plus cela… Je me trompe fort, ou il n’en serait pas de même de toi. Si ton cœur se prend une fois, cela durera.

Cécile, parlant à son ouvrage.

Encore !

Le Commandeur, ironiquement.

Ton ouvrage va mal.

  1. Poursuivant mademoiselle Clairet, qui entre dans le salon et lui ferme la porte au nez. (Édition conforme à la représentation.)