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le commandeur.

Tant mieux. Parle. J’aime la vérité. Tu dis ?

cécile.

Que c’est une inhumanité sans exemple, que d’avoir en province des parents plongés dans l’indigence, que mon père secourt à votre insu, et que vous frustrez d’une fortune qui leur appartient, et dont ils ont un besoin si grand ; que nous ne voulons, ni mon frère, ni moi, d’un bien qu’il faudrait restituer à ceux à qui les lois de la nature et de la société l’ont destiné.

le commandeur.

Eh bien ! vous ne l’aurez ni l’un ni l’autre. Je vous abandonnerai tous. Je sortirai d’une maison où tout va au rebours du sens commun, où rien n’égale l’insolence des enfants, si ce n’est l’imbécillité du maître. Je jouirai de la vie ; et je ne me tourmenterai pas davantage pour des ingrats.

cécile.

Mon cher oncle, vous ferez bien.

le commandeur.

Mademoiselle, votre approbation est de trop ; et je vous conseille de vous écouter. Je sais ce qui se passe dans votre âme ; je ne suis pas la dupe de votre désintéressement, et vos petits secrets ne sont pas aussi cachés que vous l’imaginez. Mais il suffit… et je m’entends.



Scène V.


CÉCILE, LE COMMANDEUR, LE PÈRE DE FAMILLE, SAINT-ALBIN.
(Le Père de famille entre le premier. Son fils le suit.)


saint-albin, violent, désolé, éperdu, ici et dans toute la scène.

Elles n’y sont plus… On ne sait ce qu’elles sont devenues. Elles ont disparu.

le commandeur, à part.

Bon. Mon ordre est exécuté.