Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

me mis à crier du ton de l’effroi : Dame Marguerite ! dame Marguerite ! parlez-moi donc ! dame Marguerite, est-ce que vous vous trouvez mal ?

Marguerite.

Non, mon enfant ; laisse-moi un moment en repos… Je ne sais ce qui m’a pris… Cela m’est venu subitement.

Le maître.

Elle mentait.

Jacques.

Oui, elle mentait.

Marguerite.

C’est que je rêvais.

Jacques.

Rêvez-vous comme cela la nuit à côté de votre mari ?

Marguerite.

Quelquefois.

Jacques.

Cela doit l’effrayer.

Marguerite.

Il y est fait…

Marguerite revint peu à peu de sa défaillance, et dit : Je rêvais qu’à la noce, il y a huit jours, notre homme et celui de la Suzanne se sont moqués de toi ; cela m’a fait pitié, et je me suis trouvée toute je ne sais comment.

Jacques.

Vous êtes trop bonne.

Marguerite.

Je n’aime pas qu’on se moque. Je rêvais qu’à la première occasion ils recommenceraient de plus belle, et que cela me fâcherait encore.

Jacques.

Mais il ne tiendrait qu’à vous que cela n’arrivât plus.

Marguerite.

Et comment ?

Jacques.

En m’apprenant…

Marguerite.

Et quoi ?