— Ce que l’on fait de ces sortes d’écrits, qui sont inutiles après qu’on s’en est servi.
— Jurez-moi, par la sainte obéissance, qu’il a été tout employé à écrire votre confession, et que vous ne l’avez plus.
— Madame, je vous le répète, cette seconde chose n’étant pas plus importante que la première, je ne saurais jurer.
— Jurez, me dit-elle, ou…
— Je ne jurerai point.
— Vous ne jurerez point ?
— Non, madame.
— Vous êtes donc coupable ?
— Et de quoi puis-je être coupable ?
— De tout ; il n’y a rien dont vous ne soyez capable. Vous avez affecté de louer celle qui m’avait précédée, pour me rabaisser ; de mépriser les usages qu’elle avait proscrits, les lois qu’elle avait abolies et que j’ai cru devoir rétablir ; de soulever toute la communauté ; d’enfreindre les règles ; de diviser les esprits ; de manquer à tous vos devoirs ; de me forcer à vous punir et à punir celles que vous avez séduites, la chose qui me coûte le plus. J’aurais pu sévir contre vous par les voies les plus dures ; je vous ai ménagée : j’ai cru que vous reconnaîtriez vos torts, que vous reprendriez l’esprit de votre état, et que vous reviendriez à moi ; vous ne l’avez pas fait. Il se passe quelque chose dans votre esprit qui n’est pas bien ; vous avez des projets ; l’intérêt de la maison exige que je les connaisse, et je les connaîtrai ; c’est moi qui vous en réponds. Sœur Suzanne, dites-moi la vérité.
— Je vous l’ai dite.
— Je vais sortir ; craignez mon retour… je m’assieds ; je vous donne encore un moment pour vous déterminer… Vos papiers, s’ils existent…
— Je ne les ai plus.
— Ou le serment qu’ils ne contenaient que votre confession.
— Je ne saurais le faire… »
Elle demeura un moment en silence, puis elle sortit et rentra avec quatre de ses favorites ; elles avaient l’air égaré et furieux. Je me jetai à leurs pieds, j’implorai leur miséricorde. Elles criaient toutes ensemble : « Point de miséricorde, ma-