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ment à la littérature française. Nous n’avons pas à entrer dans les aventures qu’il eut encore à courir. Des questions de propriété furent portées devant les tribunaux. M. Firmin Didot, M. Bry durent reconnaître les droits de M. Brière. Ce ne fut qu’en 1863 qu’un nouveau procès intenté par M. Brière à M. A. Poulet-Malassis fut gagné par celui-ci et que le Neveu de Rameau tomba dans le domaine public.

Nous ne parlerons pas des éditions de M. Bry et de M. Genin, qui ont copié M. Brière. La première tentative pour modifier quelque peu son texte fut faite par M. Ch. Asselineau, dans cette édition même qui provoqua le dernier procès. M. Asselineau s’était dit, avec raison, qu’il pouvait être fort utile de comparer à nouveau l’original et la traduction de Gœthe, afin de se bien rendre compte des différences qui pouvaient avoir existé entre les deux manuscrits consultés. Cette comparaison, faite un peu légèrement, n’avait fourni au nouvel éditeur que très-peu de modifications : une ou deux corrections heureuses, une autre de tout point malencontreuse et un passage qui, se trouvant seulement dans l’allemand, fut traduit par M. Asselineau et placé par lui en appendice à la reproduction du texte de M. Brière. Nous avions déjà constaté l’insuffisance de ces retouches, et nous avions l’intention de rétablir les additions de Gœthe et ses assez nombreuses variantes, lorsque des circonstances particulièrement heureuses mirent entre nos mains une copie sans date, mais évidemment de la fin du siècle dernier, du Neveu de Rameau.

Nous recommençâmes dès lors notre travail de comparaison des trois textes, celui de Gœthe, celui de Brière, le nôtre, et, ce travail fait, nous résolûmes de donner la préférence à ce dernier.

Voici comment nous justifions cette préférence. Notre copie ne porte pas ce titre vague : Dialogue, que portent les deux autres, mais bien celui de Satire, que lui donne Naigeon. Elle ne diffère du texte de Brière que dans les points assez nombreux où celui-ci laissait à désirer sous le rapport de la correction ou de la clarté. Elle contient tous les noms propres supprimés dans l’édition Brière, et ils y sont analogues à ceux qui se trouvent dans la traduction de Gœthe. Les passages de cette traduction qui manquent dans Brière s’y rencontrent à leur place. Enfin, la seule anecdote que Gœthe a cru devoir supprimer, en en donnant la raison, est où elle doit être, et telle que l’abstention de Gœthe le faisait pressentir.

Nous ne voulons pas affirmer que c’est sur une copie identique à la nôtre que Gœthe a fait sa traduction ; il y a une ou deux légères différences, mais ces différences sont telles qu’elles peuvent passer pour une défaillance du traducteur plutôt que pour une modification du texte.

Ajoutons, pour bien déterminer le caractère de cette nouvelle ver-