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du nez, et sous laquelle elle pourra, je crois, passer une demi-heure sans péril dans une petite église borgne du quartier. Elle soupire après le moment de son départ, et je suis sûre qu’elle ne demandera rien à Dieu avec plus de ferveur que d’achever sa guérison, et de lui conserver les bontés de son bienfaiteur. Si elle se trouvait en état de partir entre Pâques et Quasimodo, je ne manquerais pas de vous en prévenir. Au reste, monsieur, son absence ne m’empêcherait pas d’agir, si je découvrais parmi mes connaissances quelqu’un qui pût quelque chose auprès de Mme de T*** et du médecin A*** qui peut beaucoup sur son esprit[1].

Je suis, avec une reconnaissance sans bornes pour elle et pour moi, monsieur, votre très-humble et très-obéissante servante,

Signé : Moreau-Madin.
À Versailles, ce 25 mars 1760.

P. S. Je lui ai défendu de vous écrire, de crainte de vous importuner ; il n’y a que cette considération qui puisse la retenir.


LETTRE
de m. le marquis de croismare à madame madin.


Madame, votre projet pour Mlle Simonin me paraît très-louable, et me plaît d’autant plus, que je souhaiterais ardemment de la voir, dans son infortune, assurée d’un état un peu passable. Je ne désespère pas de trouver quelque ami qui puisse agir auprès de Mme de T***[2] ou du médecin A*** ou du secrétaire du feu cardinal, mais cela demande du temps et des précautions, tant pour éviter d’éventer le secret, que pour m’assurer la discrétion des personnes auxquelles je pense que je pourrais m’adresser. Je ne perdrai point cela de vue : en attendant, si Mlle Simonin persiste dans ses mêmes sentiments, et si sa santé est assez rétablie, rien, ne doit l’empêcher de partir ; elle me trouvera toujours dans les mêmes dispositions que je lui ai marquées, et dans le même zèle à lui adoucir, s’il se peut, l’amer-

  1. Variante : « … auprès de Mme de Castries ou de monsieur son mari. »
  2. Variante : « de Castries. »