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faim, et tout cela pour mon bien. Dieu soit loué ! C’est pourtant bien malgré moi que je leur obéis.

Je suis, avec un cœur reconnaissant, monsieur, votre très-humble et soumise servante,

Signé : Suzanne Simonin.
À Paris, ce 3 mars 1760.


LETTRE
DE M. LE MARQUIS DE CROISMARE À MADAME MADIN.


Quelques incommodités que je ressens depuis quelques jours m’ont empêché, madame, de vous faire réponse plus tôt, pour vous marquer le plaisir que j’ai d’apprendre la convalescence de Mlle  Simonin. J’ose espérer que bientôt vous aurez la bonté de m’instruire de son parfait rétablissement, que je souhaite avec ardeur. Mais je suis mortifié de ne pouvoir contribuer à l’exécution du projet que vous méditez en sa faveur ; sans le connaître, je ne puis le trouver que très-bon par la prudence dont vous êtes capable et par l’intérêt que vous y prenez. Je n’ai été que très-peu répandu à Paris, et parmi un petit nombre de personnes aussi peu répandues que moi : et les connaissances telles que vous les désireriez ne sont pas faciles à trouver. Continuez, je vous supplie, à me donner des nouvelles de Mlle  Simonin, dont les intérêts me seront toujours chers.

J’ai l’honneur d’être, madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Ce 31 mars 1760.


RÉPONSE
DE MADAME MADIN À M. LE MARQUIS DE CROISMARE.


Monsieur, j’ai fait une faute, peut-être, de ne me pas expliquer sur le projet que j’avais ; mais j’étais si pressée d’aller en avant. Voici donc ce qui m’avait passé par la tête. D’abord il faut que vous sachiez que le cardinal de T***[1] protégeait la famille.

  1. Les éditions connues mettent : Fleury. Ici, nous devons supposer Tencin.