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Je garderai le cachet avec soin. C’est un saint ange que j’y trouve imprimé ; c’est vous, c’est mon ange gardien.


M. Diderot n’ayant pu se rendre à l’assemblée des bandits, cette réponse fut envoyée sans son attache. Il ne la trouva pas de son gré ; il prétendit qu’elle découvrirait notre trahison. Il se trompa, et il eut tort, je crois, de ne pas trouver cette réponse bonne. Cependant, pour le satisfaire, on coucha sur les registres du commun conseil de la fourberie la réponse qui suit, et qui ne fut point envoyée. Au reste, cette maladie nous était indispensable pour différer le départ pour Caen.


EXTRAIT DES REGISTRES.


Voilà la lettre qui a été envoyée, et voici celle que sœur Suzanne aurait dû écrire :


Monsieur, je vous remercie de vos bontés ; il ne faut plus penser à rien, tout va finir pour moi. Je serai dans un moment devant le Dieu de la miséricorde ; c’est là que je me souviendrai de vous. Ils délibèrent s’ils me saigneront une troisième fois ; ils ordonneront tout ce qu’il leur plaira. Adieu, mon cher monsieur. J’espère que le séjour où je vais sera plus heureux ; nous nous y verrons.


LETTRE
de madame madin à m. le marquis de croismare.


Je suis à côté de son lit, et elle me presse de vous écrire. Elle a été à toute extrémité, et mon état, qui m’attache à Versailles, ne m’a point permis de venir plus tôt à son secours. Je savais qu’elle était fort mal et abandonnée de tout le monde, et je ne pouvais quitter. Vous pensez bien, monsieur, qu’elle avait beaucoup souffert. Elle avait fait une chute qu’elle cachait. Elle a été attaquée tout d’un coup d’une fièvre ardente qu’on n’a pu abattre qu’à force de saignées. Je la crois hors de danger. Ce qui m’inquiète à présent est la crainte que sa convalescence ne soit longue, et qu’elle ne puisse partir avant un mois ou six semaines. Elle est déjà si faible, et elle le sera bien davantage. Tâchez donc, monsieur, de gagner du temps, et travaillons de