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Voici l’adresse de Mme Madin : À madame Madin, au pavillon de Bourgogne, rue d’Anjou, à Versailles.


Vous aurez la bonté de mettre deux enveloppes, avec son adresse sur la première, et une croix sur la seconde.

Mon Dieu, que je désire d’avoir votre réponse ! Je suis dans des transes continuelles.

Votre très-humble et très-obéissante servante,
Signé : Suzanne Simonin[1].


Nous avions besoin d’une adresse pour recevoir les réponses, et nous choisîmes une certaine Mme Madin, femme d’un ancien officier d’infanterie, qui vivait réellement à Versailles. Elle ne savait rien de notre coquinerie, ni des lettres que nous lui fîmes écrire à elle-même par la suite, et pour lesquelles nous nous servîmes de l’écriture d’une autre jeune personne. Mme Madin savait seulement qu’il fallait recevoir et me remettre toutes les lettres timbrées Caen. Le hasard voulut que M. de Croismare, après son retour à Paris, et environ huit ans après notre péché, trouvât Mme Madin chez une femme de nos amies qui avait été du complot. Ce fut un vrai coup de théâtre ; M. de Croismare se proposait de prendre mille informations sur une infortunée qui l’avait tant intéressé, et dont Mme Madin ne savait pas le premier mot. Ce fut aussi le moment de notre confession générale et de notre pardon.


RÉPONSE
DE M. LE MARQUIS DE CROISMARE.


Mademoiselle, votre lettre est parvenue à la personne même que vous réclamiez. Vous ne vous êtes point trompée sur ses sentiments ; vous pouvez partir aussitôt pour Caen, si une place à côté d’une jeune demoiselle vous convient. Que la dame votre amie me mande qu’elle m’envoie une femme de chambre telle que je puis la désirer, avec tel éloge qu’il lui plaira de vos qualités, sans entrer dans aucun autre détail d’état. Qu’elle me marque aussi le nom que vous aurez

  1. Les éditions connues écrivent : Suzanne de la Marre.