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de plus de la beauté de son talent ; elle a la pureté de celles qu’il n’a point tourmentées. Les personnes qui ont eu le bonheur de vivre dans son intimité savent que lorsqu’un ami, l’imprimeur, le temps le pressaient, il faisait toujours bien ; que lorsqu’il composait rapidement, rien ne troublait la netteté de ses idées et n’altérait le charme de sa diction ; que ses défauts naissaient de ses corrections, et que la perfection, qui quelquefois a prévenu ses vœux, s’est constamment refusée à ses efforts.

« Ici, point d’enflure, d’obscurité, d’affectation ; le sujet est simple, les moyens naturels, le but moral ; les personnages, les événements, les discours sont si vrais, qu’on aurait été persuadé que les mémoires avaient été écrits par la religieuse elle-même, sans conseil et sans exagération, si l’éditeur ne nous eût détrompés.

« À la suite du volume, il publie l’extrait d’une correspondance qui nous découvre qu’une plaisanterie de M. Grimm a été l’origine du roman de Diderot.

« Il est bien étrange que l’éditeur n’ait pas senti qu’une plaisanterie, hors de la société et à une grande distance du temps où elle a été faite, paraîtrait très-insipide ; que le public n’avait rien à gagner à une pareille confidence, et qu’il était déraisonnable, sous tous les rapports, de lui déclarer que ce qu’il avait pris pour une vérité n’était qu’une fiction.

« Il faut espérer que dans une autre édition l’on supprimera une explication qui détruit le plaisir du lecteur, l’utilité du livre et l’illusion précieuse que l’auteur avait créée avec autant de soin que de succès. »

C’est cette même opinion que Naigeon aussi a soutenue. Nous avons déjà dit que nous la combattrions ; nous le ferons quand il en sera temps, c’est-à-dire quand on aura lu le roman et sa préface-annexe jusqu’au bout.

On verra d’ailleurs que nous avons eu pour cette annexe une copie nouvelle qui, sans en changer le caractère, en explique mieux la nécessité.

Il nous resterait à donner quelques détails sur le héros de cette aventure, le bienfaiteur qu’on implore et qui ne se laisse pas implorer en vain, M. le marquis de Croismare. On le connaîtra au mieux si, après avoir lu ce qu’en dit Grimm, on lit les nombreux passages où il est question de lui dans les Mémoires de Mme d’Épinay, et surtout le portrait qu’elle en a tracé dans le chapitre vi de la seconde partie (édition P. Boiteau).

Quelques renseignements supplémentaires peuvent cependant être bons à réunir pour quelques lecteurs.

Le Dictionnaire de la Noblesse, de la Chenaye des Bois, l’appelle