dies chroniques ôtent la mémoire. Les vieillards se rappellent le passé en oubliant le présent. On retient plus aisément les mots que les choses.
Bonne comparaison du rêve à l’arbre agité par le vent. Le calme renaît, et l’arbre reste ce qu’il était. Action et réaction des fibres les unes sur les autres. Vent.
Phénomènes de mémoire qui conduisent à la stupidité et à la folie.
Il y a donc, dans la nature, un enchaînement naturel d’objets ; ils sont conjoints : on ne les sépare pas sans conséquence pour le jugement ; on ne les conjoint pas sans bizarrerie.
Si, faute d’expérience, ces phénomènes ne s’enchaînent pas ;
Si, faute de mémoire, ils ne peuvent s’enchaîner ;
Si, par perte de mémoire, ils se décousent ; l’homme paraît fou ;
Si la passion se fixe sur un seul phénomène, de même ;
Si la passion les disjoint, de même ;
Si elle les conjoint, de même.
L’enfant paraît fou, faute d’expérience ; le vieillard paraît stupide, faute de mémoire ; le vieillard violent paraît fou.
Mémoires promptes, lentes, heureuses ou fidèles, infidèles ; avec liaison d’idées, sans liaison d’idées.
Comme sons purs d’une langue inconnue ;
Sons purs d’une langue connue ;
Suites de mouvements automates ;
Mémoire de la vue ;
Mémoire de l’oreille ;
Mémoire du goût, etc.
L’habitude qui lie une longue suite de sensations et de mots, et de mouvements successifs et enchaînés d’organes.
Preuve : c’est que ceux dont les occupations sont interrompues très-fréquemment, et qui passent rapidement d’un objet à un autre, la perdent.
Moyen technique d’ôter la mémoire : lire un dictionnaire, changer souvent d’objets d’attention.
La représentation d’un paysage qu’on a vu, si l’on y fait bien de l’attention, est un phénomène instantané aussi surprenant que le souvenir successif des mots qui composent un long ouvrage qu’on n’aurait lu qu’une fois.