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18 POÉSIES DIVERSES

ANTISTROPHE.

Celui qui la choisit pour guide,
D’un peuple ombrageux et léger
Peut, à l’exemple d’Aristide,
Souffrir un dédain passager :
Mais quand l’ordre des destinées,
Qui des hommes de bien et des hommes méchants
A limité le nombre des années,
Amène ses derniers instants ;
Athène entière est en alarmes;
De tous les yeux on voit couler les larmes ;
C’est un père commun pleuré par ses enfants.

ÉPODE.

Longtemps après sa mort sa cendre est révérée ;
Longtemps après sa mort sa justice honorée,
Entretien du vieillard, instruit les jeunes gens.

STROPHE.

Aristide n’est plus ; mais sa mémoire dure
Dans les fastes du genre humain ;
Et l’herbe même, au temps où renaît la verdure,
Ne peut croître sur[1] le chemin
Qui conduit à sa sépulture.

ANTISTROPHE.

D’honneurs, de titres et d’aïeux,
Des écussons de la noblesse,
Des chars brillants de la richesse,
Qu’on soit ivre à la cour, à Paris, envieux,
Laissons sa sottise au vulgaire.
La bonté, la vertu, la beauté, les talents,
Seront pour nous, qu’un goût plus sûr[2] éclaire,
Les seules grandeurs sur la terre
Dignes qu’en leur faveur on distingue des rangs ;
Tout le reste n’est que chimère.

  1. Variante : Cesse de couvrir.
  2. Variante : Juste.