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QUESTION D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

A MONSIEUR PETIT

Voici, monsieur et cher docteur, ce que je vous prie de faire pour moi.

Imaginez un grand fainéant de l’âge de vingt-cinq ans ; il n’a jamais rien fait, aussi a-t-il les formes extérieures de la proportion la plus rigoureuse, telles qu’elles se trouvaient au bout du crayon de Raphaël.

Ce fainéant-là songea un jour à prendre un état, et il se fit assommeur de grands chemins à la manière d’Hercule.

Le voilà donc s’armant de la massue. Je voudrais que vous me dissiez quelle altération est survenue dans son organisation extérieure, à partir des bras, qui ont fatigué les premiers, jusqu’à l’extrémité de son corps ou le bout de ses pieds, et que vous me marquassiez quelles sont les parties de son corps qui ont le plus et celles qui ont le moins souffert de son violent exercice. Vous irez donc des poignets aux bras, des bras aux épaules, au cou, à la tête, au dos, à la poitrine, aux reins, au bas-ventre, aux cuisses, aux jambes, aux pieds ; plus vous détaillerez, mieux cela sera. Un mot aussi des mouvements de l’âme sur les parties du visage, et de l’action des viscères intérieurs sur les parties extérieures.

Voilà le sujet de votre première lettre.