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donc pas des dates 1774 et 1780 que nous réunissons sur le titre de ces Éléments.

Ce caractère de notes, prises au jour le jour et rassemblées à la hâte, fait de cet ouvrage tout autre chose qu’un traité didactique. Les répétitions y abondent. Il s’y glisse à chaque instant des réflexions personnelles. Diderot soulève des objections qu’il ne résout pas ; il se sert de formules abrégées, supprimant verbes, articles et tout ce qui allongerait son travail. Il lui suffit de poser des jalons. Le lecteur aura besoin sans doute de quelque complaisance pour le suivre, mais il aura le spectacle du Diderot assis, on nous permettra cette image, du Diderot cherchant à s’assimiler ses lectures et préparant le Diderot debout, le Diderot orateur comme tant de ses panégyristes et de ses ennemis se sont plu à nous le montrer.

Le manuscrit est précédé d’une Lettre qui accompagnait une rédaction nouvelle (et perdue) du Rêve de d’Alembert. On remarquera, dans cette lettre, une nouvelle affirmation des opinions de Diderot sur certains points de morale très-controversés, du genre de celui qui fait le sujet de l’Entretien d’un père avec ses enfants. La distinction qu’il établit entre la morale spéculative et la morale pratique ne devra point être négligée lorsqu’il s’agira de juger en lui le moraliste.

Nous devons aller au-devant du reproche qui nous sera peut-être fait de n’avoir pas, comme c’était de principe au siècle dernier et au commencement de celui-ci, fait subir à cet ouvrage un bout de toilette préalable avant de le présenter au public. Il nous a paru qu’il intéresserait davantage dans son laisser-aller, et qu’outre le mérite de donner l’état de la science physiologique à la fin du xviiie siècle, on serait heureux d’y trouver, dans une première et naïve expression, des vues sur les êtres contradictoires et sur les doctrines transformistes qui ont fait depuis lors le chemin que l’on sait.

Nous ne garantissons en aucune façon les chiffres, les théories ou même les faits relevés par Diderot. Il a dit ce qu’on croyait de son temps, et, dans les cas où il s’est trompé, c’est avec tout le monde. Et d’ailleurs, ce que nous avons corrigé des erreurs de nos devanciers, à quoi le devons-nous ? A l’emploi de plus en plus étendu et de mieux en mieux raisonné de la méthode expérimentale, que Diderot a tant contribué à faire triompher.