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Le jour, j’attacherai la crainte à ton côté;
La haine s’offrira partout sur ton passage;
Et la nuit, poursuivi, troublé,
Lorsque de ses malheurs ton esclave accablé
Cède au repos qui le soulage,
Tu verras[1] la révolte, aux poings ensanglantés,
Tenir[2] à ton chevet ses flambeaux agités.

ANTISTROPHE.

La voilà ! la voilà ! c’est son regard farouche ;
C’est elle ; et du fer menaçant ;
Son souffle, exhalé par ma bouche,
Va dans ton cœur porter le froid glaçant.

ÉPODE.

Éveille-toi, tu dors au sein de la tempête;
Éveille-toi, lève la tête;
Écoute, et tu sauras qu’en ton moindre sujet,
Ni[3] la garde qui t’environne,
Ni[4] l’hommage imposant qu’on rend à ta personne
N’ont pu de s’affranchir étouffer le projet.

STROPHE.

L’enfant de la nature abhorre l’esclavage;
Implacable ennemi de toute autorité,
Il s’indigne du joug ; la contrainte l’outrage;
Liberté, c’est son vœu ; son cri, c’est Liberté.
Au mépris des liens de la société,
Il réclame en secret son antique apanage.
Des mœurs ou grimaces d’usage
Ont beau servir de voile à sa férocité;
Une hypocrite urbanité,
Les souplesses d’un tigre enchaîné dans sa cage,
Ne trompent point l’œil du sage;

  1. Variante : Je veux que...
  2. Variante : Promène...
  3. Variante : Et...
  4. Variante : Et.