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affranchi des règles d’une composition régulière, et livré à tout le délire de son enthousiasme, il marchait sans s’assujettir à aucune mesure, entassant des vers de toute espèce, selon qu’ils lui étaient inspirés par la variété du rhythme ou de cette harmonie dont la source est au fond du cœur, et qui accélère, ralentit, tempère le mouvement selon la nature des idées, des sentiments et des images. C’est un poëme de ce caractère que j’ai tenté. Je l’ai intitulé : Les Éleuthéromanes, ou les Furieux de la liberté.

Peut-être suis-je allé au delà de la licence des Anciens. Je regarde dans Pindare la strophe, l’antistrophe et l'épode, comme trois personnages qui poursuivent de concert le même éloge ou la même satire. La strophe entame le sujet ; quelquefois l’antistrophe interrompt la strophe, s’empare de son idée, et ouvre un nouveau champ à l’épode, qui ménage un repos ou fournit une autre carrière à la strophe. C’est ainsi que clans le tumulte d’une conversation animée, on voit un interlocuteur violent, vivement frappé de la pensée d’un premier interlocuteur, lui couper la parole, et se saisir d’un raisonnement qu’il se pro-