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VERS

APRÈS AVOIR ÉTÉ DEUX FOIS ROI DE LA FÈVE [1]

1771

(inédit )


      Deux fois de suite enlever la couronne
Aux talents, à l’esprit, unis à la beauté,
            C’est un trait d’imbécillité
Que tu n’espères pas, Destin, qu’on te pardonne
                  Deux fois de suite.

Parle, que diras-tu pour excuser ton choix ?
            Que, depuis que le monde est monde,
De Maroc à Paris, de Paris à Golconde,
Des fous après des fous, issus de rois en rois,
            Ont régi la machine ronde
                  Cent fois de suite.

Eh bien, j’accorderai qu’en ce sot univers,
Des crânes rétrécis, des têtes de travers
Foisonnant par milliers pour une tête saine,
      Il a fallu que le sacré bandeau,
            Tombant de ta main incertaine,
            Rencontrât un petit cerveau
                  Cent fois de suite.

            Mais, si dans un aréopage
Où l’un et l’autre sexe offrait également


1. D’après une copie en notre possession.