Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IX.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Certain marquis[1]
D’un goût exquis
Les trouva tels, sans me déplaire.
Il eût, pour prix de sa sincérité,
Sous un autre Denis perdu la liberté ;
On peut aux gens de bien accorder ce salaire,
Quand on est roi.

Pour moi, je n’en fis rien ; car je suis débonnaire,
À votre avis, pourquoi me serais-je fâché ?
Vers et prose de roi sont mauvais d’ordinaire,
Et ce n’est pas un grand péché ;
C’est le moindre qu’on puisse faire,
Quand on est roi.


AUX DAMES[2].

Vos yeux, depuis longtemps, m’ont appris à connaître
Que le destin nous a fait naître
Moi, pour servir, vous, pour donner la loi.
Qui veut d’un roi qui cherche maître ?
Personne ici ne dira-t-il : C’est moi ?

  1. Le marquis de Croismare.
  2. Cet envoi est ajouté par Grimm au morceau précédent. Il nous paraît mieux en situation ici. C’est d’ailleurs sa place dans une copie qui est en notre possession. Il est probable que Diderot qui, dans l’Argument des Éleuthéromanes, ne parle que de trois occasions successives où il fut roi de la fève, ne comptait pas, parmi les pièces de vers que cette persistance du destin à le choisir lui inspira, celle-ci, datée du lendemain de son règne. Le morceau suivant répond à ce qu’il dit, dans ce même Argument, du sujet qu’il traita la seconde année de sa royauté.