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POÉSIES DIVERSES

LE CODE DENIS[1]
1770

Dans ses États, à tout ce qui respire
Un souverain prétend donner la loi ;
C’est le contraire en mon empire ;
Le sujet règne sur son roi.

Diviser pour régner, la maxime est ancienne ;
Elle fut d’un tyran : ce n’est donc pas la mienne.
Vous unir est mon vœu : j’aime la liberté ;
Et si j’ai quelque volonté,
C’est que chacun fasse la sienne.

Amis, qui composez ma cour,
Au dieu du vin rendez hommage :
Rendez hommage au dieu d’amour :
Aimez et buvez tour à tour,
Buvez pour aimer davantage.
Que j’entende, au gré du désir,
Et les éclats de l’allégresse,

  1. Grimm rapporte (15 janvier 1770) que, dans un dîner où il se trouvait avec Diderot : « la royauté étant tombée en partage à ce dernier, il n’a pas voulu laisser languir ses sujets ; il a publié ses lois successivement pendant qu’on était à table ; de sorte qu’avant de sortir et de déposer son sceptre, tous les devoirs de législation se trouvèrent remplis par l’impromptu qu’il appela le Code Denis. »