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gleterre et de ses colonies. Lorsque l’Angleterre avait besoin des subsides de ses colons, elle faisait remettre par les gouverneurs d’outre-mer, aux assemblées provinciales, des lettres circulaires écrites au nom du roi, par le secrétaire d’État, qui en faisait la demande. Le parlement s’adressait aux colonies, précisément comme le roi s’adresse au parlement. Les colonies s’imposaient elles-mêmes. Le parlement a tenté de changer cette taxe volontaire en une taxe arbitraire.

L’assujettissement au papier timbré dans tous les actes civils fut le premier écart de la forme de réquisition accoutumée. Celui qui forma le projet de lever arbitrairement de l’argent sur les Américains par ce moyen, sentit toute l’opposition qu’il y trouverait. Pour prévenir cette opposition, l’acte du timbre fut accompagné d’un bill qui autorisait les officiers des troupes réparties dans les différentes contrées à loger leurs soldats dans les maisons particulières.

L’acte du timbre n’eut point lieu ; quant au bill qui exigeait des assemblées provinciales de loger des soldats, il fut modifié. L’entrée des maisons fut fermée aux soldats, et les assemblées fournirent aux troupes des provisions ; mais chacune à sa manière, sans prendre aucunement connaissance du bill. Elles affectèrent de donner à leur acquiescement la forme d’un acte volontaire et libre. Les gouverneurs d’outre-mer mirent tout en œuvre pour traduire cette conduite comme une rébellion ; et le parlement indigné, spécialement contre la province de la Nouvelle-York, ôta à cette province tout pouvoir de législation.

Cependant le projet d’asseoir une taxe arbitraire en Amérique ne fut point abandonné. On en tenta l’exécution sous une autre forme. Les colons sont possesseurs de certaines matières premières qu’ils n’ont ni le droit de manufacturer, ni de prendre ailleurs que chez leur mère patrie. Ce fut sur ces matières manufacturées qu’on imagina d’établir des impôts. On devait former un bureau de péages et envoyer à Boston une légion de commis chargés du recouvrement de ces impôts, qui, selon l’énonciation de l’acte, étaient destinés à payer les honoraires des gouverneurs, juges et autres officiers de la couronne en Amérique, parce que c’était une spéculation générale en Angleterre, que ces officiers ne doivent dépendre des colons pour aucune partie de