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et dont il s’élève quelquefois un parfum délicieux. Lorsque la cendre couvre ses charbons, ne le croyez pas éteint ; mettez la main sur cette cendre et vous la trouverez chaude ; remuez-la ou écartez-la avec le souffle, et il s’en élèvera encore des étincelles. Allons, ami Naigeon, prenons chacun un feuillet de nos auteurs favoris, et allons le brûler au pied de la statue du bon Plutarque.

L’ami Naigeon et moi nous demandons vingt-quatre heures de réflexions pour nous décider sur le procès intenté à Cicéron au profit de Plutarque, et particulièrement sur ce feu de paille. Pour justifier sa belle passion pour Plutarque, M. Castilhon donne la traduction libre de trois de ses Traités dont les sujets se lient à merveille : l’un où Plutarque prouve l’utilité du commerce des grands et de la cour pour un homme de lettres ; le second, le bonheur pour une nation d’avoir un souverain instruit ; le troisième, l’importunité et le danger du bavardage. Ils sont bons à lire.

Je ne vous parlerai point des sept discours de M. Robinet sur l’amour, la beauté, la parure, le désir de plaire et la mode. J’ai parcouru le premier qui m’a dégoûté des autres, peut-être ai-je tort. Il y a des citations de vers, toutes de mauvais goût. J’ai bien peur que tout ceci ne soit comme ces boîtes de bonbons qu’on porte dans sa poche pour les femmes et les enfants, et qu’on n’ouvre jamais pour soi.

Le morceau sur l’origine des Romains est très-peu de chose ; j’en dis autant de celui sur les esprits animaux. Cependant, à tout prendre, le recueil est bon, je l’ai coupé d’un bout à l’autre, je le garde, et j’en retiens la suite.