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aurait fixé, supposé que le sujet de ces représentations parût aux chefs digne de l’attention du peuple.

Si les Genevois ont cette loi, que ne s’y conforment-ils ? S’ils ne l’ont pas, que ne la font-ils ?

Cette balance, ou je me trompe fort, tranquilliserait les esprits sans trop prendre sur l’autorité des chefs.

Le parti qui se refuserait à cet arrangement, se rendrait à mes yeux très-suspect, ou d’indépendance ou de despotisme, avec cette différence que des vues de despotisme seraient bien plus odieuses dans les chefs, que ne serait le désir de l’indépendance dans un peuple démocratique, à qui la toute-puissance appartient de droit. Quelque autorisés que soient les chefs, ce ne sont toujours que des citoyens et des commis du peuple ; il est toujours le maître. C’est sa voix qui élève certaines têtes, qui les rabaisse ou qui les coupe[1].


  1. Grimm ajoute : « La question que M. Diderot vient d’examiner a été discutée dans une brochure intitulée : Lettres écrites de la campagne. Ces lettres sont de M. Tronchin… Dans la troisième, ce magistrat prouve la nécessité d’un pouvoir négatif dans une république… mais il n’a pas pensé au tempérament que le philosophe Diderot propose ici et qui paraît en effet propre à prévenir et à terminer toute dispute sur les lois fondamentales. »