Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fortifier ou affaiblir, et l’on produit ces effets par la place qu’on leur donne dans la phrase.

L’oreille veut être satisfaite ; elle le veut d’autant plus impérieusement que l’harmonie ne peut être suppléée par celui qui vous écoute : autre source de l’altération naturelle de la phrase.

La phrase est donc le résultat d’un ordre donné par la nature, et modifié selon le but de l’orateur par l’intérêt, les passions et l’harmonie.

Ce que je prononce sur les mots dans la phrase, est vrai des phrases dans le discours.

Qu’est-ce donc qu’un traité du style ? C’est une exposition de l’ordre naturel et essentiel des idées, et une recherche des altérations introduites dans cet ordre par l’intérêt, les passions et l’harmonie, qui exigent à chaque instant le sacrifice du mot propre, et son déplacement dans la phrase naturelle.

Et il n’y a rien dans le discours qui ne se rapporte à ces principes.

Et quelle est la plus belle des langues ? Celle qui réunit le plus de moyens de disposer de l’ordre naturel et essentiel des mots dans la phrase sans nuire, soit à l’énergie, soit à la clarté, soit à l’harmonie.

Et cela bien médité, dispense de se fendre la tête à entendre l’inintelligible traité du marquis Beccaria.




NOTES


SUR LE TRAITÉ DES DÉLITS ET DES PEINES.


« Dans le cas d’un délit, il y a deux parties : le souverain qui affirme que le contrat social est violé, et l’accusé qui nie cette violation. » Des Délits et des Peines, chap. iii.


Le souverain assure en général que, par tel fait ou dans tel cas, le contrat social est violé ; mais il n’accuse point de ce fait l’homme qu’il s’agit de juger ; et lors même que la partie publique porte plainte, elle ne fait que demander qu’on informe. L’accu-