Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sauvé la vie à quelques malheureux ; jusqu’à présent je n’ai point eu à m’en repentir.

la seconde femme.

Génistan proposa donc l’avis de sa nouvelle épousée au conseil, où il passa d’un consentement unanime. Il ne s’agissait plus que d’être autorisé par les prêtres, qui partageaient avec les ministres le gouvernement de l’empire, depuis la caducité de Zambador. Il se tint plusieurs synodes, où l’on ne décida rien. Enfin, après bien des délibérations, on annonça au prince qu’il pourrait en sûreté de conscience avoir deux femmes, en vertu de quelques exemples consacrés dans les livres saints, et d’une dispense de la loi, qui ne lui coûterait que cent mille écus.

Génistan partit lui-même pour la Chine, et revit Lively plus aimable que jamais. Il l’obtint de son père, et revint avec elle au Japon. Polychresta ne fut point jalouse de son empressement pour sa rivale, et le prince fut si touché de sa modération, qu’elle devint dès ce moment son unique confidente. Il eut d’elle un grand nombre d’enfants, qui tous vinrent à bien. Il n’en fut pas de même de Lively. Elle n’en put amener que deux à sept mois.

Vérité demeura à la cour pendant plusieurs années ; mais lorsque la mort de Zambador eut transmis le sceptre entre les mains de son fils, elle se vit peu à peu négligée, importune, regardée de mauvais œil, et elle se retira, emmenant avec elle un fils que le prince avait eu de Polychresta, et une fille que Lively lui avait donnée.

Trocilla fut entièrement oubliée et Genistan, partageant son temps entre les affaires et les plaisirs, jouissait du vrai bonheur d’un souverain, de celui qu’il procurait à ses sujets, lorsqu’il survint une aventure qui surprit étrangement la cour et la nation.


Ici la sultane ordonna au premier émir de continuer ; mais l’émir ayant toussé deux fois avant de commencer, Mirzoza comprit que le sultan venait d’entrer. « Assez, » dit-elle ; et l’assemblée se retira.