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plaisir, la douleur, la joie, la tristesse, l’effroi, la santé, la maladie, des désirs, oui, des désirs… demandez aux mères… et des désirs dont il mesure les signes à leur intensité ? Si l’on dit qu’ils sont purement automates, je laisse au théologien le soin de m’indiquer le moment de la présence de l’âme, au philosophe celui du premier instant réfléchi. L’enfant éprouve toutes les sensations de la mère, c’est déjà un être bien modifié, bien disposé soit pour le bien, soit pour le mal. Plus ces préjugés innés sont automates, plus ils sont durables, violents, ils tiennent à la machine ; mais je prends déjà les choses de trop près. L’organisation est déterminée par quelque chose d’antérieur. N’apporte-t-on pas en naissant des goûts, des aversions, ne prononce-t-on pas dès le commencement qu’un enfant est glouton, colère, impatient, triste, maussade, gai ? L’un en ouvrant les yeux pleure ; l’autre, à peine le voile de son berceau est-il levé, a-t-il vu la lumière, qu’il sourit, qu’il agite ses petites mains, qu’il tend ses bras à sa nourrice.

La confiance de l’enfant dans ses parents qui lui parlent…

Sont-ils avares ces parents ? sont-ils braves ? sont-ils poltrons ? Leur exemple, leurs discours

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