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NOTICE PRÉLIMINAIRE




À la fin de son article Diderot, de l’Encyclopédie méthodique (Philosophie ancienne et moderne), Naigeon nous donne quelques renseignements sur les procédés de travail de Diderot. Les voici :

« Diderot, dit-il, avait contracté depuis très-longtemps l’habitude d’écrire sur les premiers feuillets de ses livres, et souvent sur des feuilles volantes qu’il y insérait, le jugement qu’il portait de ces différents ouvrages et ses propres réflexions sur l’objet général de la discussion. Montaigne faisait à peu près la même chose, comme il nous l’apprend lui-même dans le passage suivant : « Pour subvenir, dit-il, à la trahison de ma mémoire et à son défaut, si extrême qu’il m’est advenu plus d’une fois de reprendre en main des livres, comme récents et à moi inconnus, que j’avois lus soigneusement quelques années auparavant et barbouillés de mes notes ; j’ai pris en coustume depuis quelque temps d’adjouster au bout de chasque livre (je dis de ceux desquels je ne me veux servir qu’une fois) le temps auquel j’ai achevé de le lire, et le jugement que j’en ai retiré en gros, afin que cela me représente au moins l’air et l’idée générale que j’avois conceue de l’auteur en le lisant. Je veux transcrire ici aucunes de ces annotations. » (Essais, liv. II, chap. x.)

Naigeon ajoute : « Ce qui mérite surtout d’être remarqué, parce que rien ne peint mieux l’originalité du caractère de Diderot et ne fait mieux connaître la tournure particulière de son esprit, c’est qu’en parcourant les titres, souvent inconnus, des ouvrages sur lesquels il a fait des observations, on voit qu’il lui importe fort peu que le livre qu’il analyse soit bon ou mauvais : dans le premier cas, il s’élève rapidement à la hauteur de son sujet ; sa vue s’agrandit pour ainsi dire avec l’horizon qu’elle embrasse ; il s’empare des principes de l’auteur, les applique,