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On envoie des élèves à Leyde, à Leipsick, à Londres, à Paris, on les soumet à un honnête homme qui les renferme dans une même maison et qui veille à la conservation de leurs mœurs et à leurs progrès dans les sciences.

On encourage par des prix les habitants des contrées instruites à l’étude de la langue russe.

On propose tant, à celui qui se rendra à Moscou ou à Pétersbourg avec une connaissance suffisante de la langue russe pour montrer la géométrie ; tant, à celui qui, pourvu de la même langue, sera en état de professer ou la médecine, ou la jurisprudence, ou les beaux-arts ; et tenez pour certain que si ces invitations sont constamment réitérées et ces promesses fidèlement tenues, elles produiront leur effet.

Arrêter le plan de l’édifice pour le temps où l’on est et, pour l’avenir, en jeter les fondements, élever quelques pans de mur et abandonner à ses successeurs le reste de l’exécution.


DES LIVRES CLASSIQUES.


Les livres classiques sont presque tous à faire ; faute de ce secours, partout on étudie beaucoup et avec peine, l’on sait peu et l’on sait mal. Il en faut pour tous les âges et pour toutes les sciences ; cependant on a d’excellents traités en tout genre, et un bon livre classique n’est qu’un abrégé bien fait de ces grands traités.

Pourquoi ces abrégés sont-ils si rares ? C’est que ce ne peut être l’ouvrage que d’hommes méthodiques et profonds ; il n’est pas donné à un demi-savant, pas même à un savant, d’ordonner les vérités, de définir les termes, de discerner ce qui est élémentaire et essentiel de ce qui ne l’est pas ; d’être clair et précis.

Ceux qui auraient pu nous rendre ce service ont préféré leur gloire particulière à l’intérêt public et mieux aimé avancer la science d’un pas que de tracer les pas qu’elle a faits.

Un bon livre classique suppose que l’art ou la science touche à sa perfection. Nous sommes au moment de ce travail. Un souverain qui veut, vient à bout de tout, et j’oserais assurer qu’en trois ou quatre ans les livres classiques en tout genre seraient exécutés, si Sa Majesté Impériale se le proposait.