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Le célibataire logera ou ne logera pas dans l’intérieur de la maison, à sa volonté.

L’homme marié aura son logement au dehors ; point de femmes dans un collège ; le mélange des deux sexes ne tarde point à y introduire les mauvaises mœurs et la division. Mais parce qu’un maître est chargé d’une famille nombreuse il ne faut pas que ses avantages soient moindres que ceux du célibataire ; on lui payera son logement. Ce que je dis ici des maîtres doit s’étendre à tous les autres commensaux de la maison.

Je ne demande à un maître que de bonnes mœurs qu’on exige de tout citoyen, que les lumières que l’enseignement de son école suppose, et qu’un peu de patience qu’il aura, s’il veut bien se rappeler qu’il fut autrefois ignorant.

Les élèves passeront d’une classe à une autre, mais chaque maître restera dans la sienne.

Point d’autre inspecteur absolu de l’éducation publique que l’État ; c’est à l’État à nommer, continuer ou changer le recteur et les principaux, à déposer les professeurs, à chasser les répétiteurs ou maîtres de quartier, et à exclure des écoles les enfants ineptes ou vicieux.

Si l’Université était composée de plusieurs collèges, je ne serais pas éloigné d’assujettir les élèves ou leurs parents à une légère rétribution payable par trimestre. Le gratis de l’enseignement public a abâtardi nos professeurs ; que leur importe en effet d’avoir peu ou beaucoup d’écoliers, de faire bien ou mal leur devoir ? ils ont moins de peine et ils sont également salariés.

Un autre avantage de cette petite dépense, ce serait de diminuer le nombre des étudiants qui ne sera jamais que trop grand, quelles que soient à l’avenir les circonstances de la nation. La facilité d’entrer dans les écoles publiques, l’ambition des parents, leur avarice qui leur fait préférer à tout apprentissage celui qui ne coûte rien, tire une multitude d’enfants de la profession de leurs pères, de grandes maisons de commerce s’éteignent, d’importantes manufactures tombent ou dégénèrent, des corps de métiers s’appauvrissent, et pourquoi cela ? pour faire un docteur.

La faute d’un maître ne doit jamais être traitée légèrement ;