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tilités des casuistes du dernier siècle, pour s’attacher à la méthode de Sainte-Beuve[1], des Conférences d’Angers, de Paris, etc.


DE L’HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE.

Enfin le professeur d’histoire ecclésiastique se proposerait de montrer l’origine et les progrès successifs de la hiérarchie ecclésiastique, je ne dirai pas l’origine et les progrès successifs, mais au moins le développement de ses dogmes, tâche difficile, mais consommée dans le profond ouvrage de Bingham[2], ministre anglican.

Je préférerais à l’original anglais la traduction avec les notes de Mosheim publiée sous le titre d’Antiquités ecclésiastiques, Antiquitates ecclesiasticæ[3].

Ce professeur passerait ensuite à l’éclaircissement des faits les plus importants de l’Église, s’occupant particulièrement de celle des premiers siècles, et faisant remarquer à ses auditeurs la perpétuité de la foi, la chaîne de la tradition et du ministère, la forme ancienne du gouvernement ecclésiastique, ses vicissitudes, sa forme actuelle, la naissance des hérésies, l’origine des abus, le relâchement de la discipline, etc.

C’est ainsi qu’on formerait un bon et savant ecclésiastique en Italie, en France, en Angleterre, en Espagne, en Portugal. Y a-t-il beaucoup à changer dans cette institution, soit scientifique, soit morale, pour une autre contrée, pour la Russie ? Je l’ignore.

Il y a une logique propre à l’ecclésiastique, connue sous le nom de Lieux théologiques ; c’est un parallèle des autorités entre elles : de l’autorité de la raison, de l’autorité de l’Écriture, des conciles généraux et particuliers, des Pères considérés séparément et entre eux sur telle matière ou sur telle autre, des docteurs de l’Église, des grands hommes, de la tradition et des monuments ; logique de théologien à théologien, fort différente

  1. Jacques de Sainte-Beuve, dont les Décisions de cas de conscience (1686) sont, en effet, beaucoup plus sages et surtout plus prudentes que celles des casuistes dont les Provinciales nous ont fait connaître la morale.
  2. Joseph Bingham, Origines ecclésiastiques, en anglais, Londres, 10 vol. in-8o, 1708-1722 ; traduites en latin. Halle, 1724-1738. 11 vol. in-4o.
  3. Jo. Laur. Mosheim’s Ecclesiastical history, traduite en latin par Maclaine et en français par Eidous ; Yverdun, 1776. 6 vol. in-8o.