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SECONDE FACULTÉ D’UNE UNIVERSITÉ.
FACULTÉ DE MÉDECINE.


Si l’on veut que des étudiants reçoivent dans une faculté de médecine toute l’instruction qui leur est nécessaire pour exercer l’art de guérir d’une manière utile à leurs concitoyens, il faut se rappeler que la santé publique est peut-être le plus important de tous les objets. Si les hommes sont pauvres, le souverain ne protège que des malheureux ; s’ils sont valétudinaires, il ne garde que des malades.

Les connaissances relatives à la médecine sont très-étendues. Un demi-médecin est pire qu’un demi-savant. Celui-ci importune quelquefois, l’autre tue. Cette profession doit-elle, ne doit-elle pas être nombreuse ? C’est une question décidée par le docteur Gatti[1] qui partagea l’hôpital qu’il dirigeait en deux classes, l’une de malades qu’il abandonnait à la nature, l’autre autour de laquelle il rassembla tous les secours de l’art ; il périt, ainsi qu’il s’y était attendu, beaucoup plus des soignés que des abandonnés.

Ce serait un problème assez intéressant à résoudre que de déterminer le rapport du corps des médecins et des chirurgiens d’une ville au reste des habitants. Je crois que la solution doit varier selon les contrées, les mœurs, les usages, le régime, le climat. Les animaux ont peu de maladies. Les maladies des habitants de la campagne sont moins nombreuses et plus simples que les nôtres ; plus nous sommes éloignés de la vie champêtre des premiers âges du monde, plus la vie moyenne s’est abrégée. Qu’il en soit de la classe des médecins ainsi que des autres classes de citoyens entre lesquelles les besoins établis-

  1. Professeur à Pise, puis médecin consultant de Louis XV, partisan de l’inoculation. Morellet a rédigé sous sa dictée des Réflexions sur les préjugés qui s’opposent aux progrès et à la perfection de l’inoculation en France, 1764, in-12.