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du parricide, je la sens, je la sens… et qu’il les rassemble autour du malheureux prince qui tient dans ses mains les pieds de la statue d’Apollon. Mais de combien d’années d’études a-t-on payé la jouissance de ces beautés !

Aristophane est tout ce qu’il veut être, il a tous les tons et toutes sortes d’esprit, mais son élévation et son obscénité le qualifiaient alternativement le poète des hommes de goût et de la canaille. Cependant on ne possède pas la langue grecque sans l’avoir lu et relu.

Rien de si voisin de la nature champêtre, pour le ton, le dialogue et les images, que Théocrite dont je préfère les rustiques Idylles aux belles Églogues de Virgile, comme je préfère le paysage de Téniers aux caravanes de Boucher. Mais il est plein de peintures licencieuses, et pour en rendre l’usage innocent il faudrait l’estropier partout.

Bion et Moschus touchent de près au ton et au caractère de Théocrite.

Celui qui ne sent ni la simplicité ni l’élégance des Hymnes de Callimaque ne sent rien.

CARACTÈRE DES AUTEURS LATINS.

Après cette ébauche succincte des auteurs grecs, j’achève plus rapidement encore celle des auteurs latins, et je rentre dans mon sujet par l’exposition de l’ordre suivant lequel les uns et les autres doivent être étudiés.

Cicéron, orateur, politique ou homme d’État et philosophe, qu’il suffit de nommer. Son style est toujours nombreux, sa langue pure, élégante et claire, par conséquent facile à entendre, autant que les langues à inversions ou transpositions de mots, presque arbitraires, peuvent l’être.

Une observation qui se présente ici à mon esprit et qui n’est pas une des moindres raisons de différer l’étude des langues anciennes, c’est l’inversion ; où est l’enfant qui ait assez d’idées et d’étendue de tête pour embrasser toute la suite d’une période de cinq à six lignes où l’ordre des mots suspend le sens jusqu’à la fin ? Je ne sais même comment le peuple romain l’entendait.

Le héros de Sa Majesté Impériale, César, a écrit sept livres