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la chose qui va bien dans la spéculation, va mal dans la pratique, et que l’ordre de l’enseignement prescrit par l’âge, par l’utilité plus ou moins générale des élèves, le seul qui soit praticable dans une éducation publique, est aussi le seul qui s’accorde avec l’intérêt général et particulier.


OBJECTION ET RÉPONSE.

Ce plan n’offre qu’une seule difficulté, c’est que la liaison d’une science avec celle qui la précède, son enchaînement naturel avec celle qui la suit et dont elle faciliterait l’enseignement, lui désigne une place, et que la raison d’utilité plus ou moins générale lui en fixe une autre.

Mais heureusement cette contradiction ne se présente qu’une fois ; encore la science que l’enseignement des connaissances amène dans un endroit d’où le motif d’utilité la transpose n’est-elle pas d’une longue étude et ses éléments servent-ils de base à plusieurs conditions importantes. C’est le seul cas où nous nous soyons permis de nous écarter de notre principe général, la raison d’utilité.

Après ces observations théoriques sur lesquelles je ne me suis peut-être que trop étendu, je passe à l’exécution.


PLAN DE CE PETIT ÉCRIT.

J’exposerai l’ordre selon lequel j’estime que les sciences devraient être enseignées dans une école publique. J’en donnerai le plan aussi vaste qu’il peut l’être ; je circonscrirai ce plan dans les limites ordinaires et d’usage ; je présenterai le tableau de l’un et de l’autre. Je reprendrai le plan réduit, classe par classe. J’appliquerai à chaque partie d’enseignement le principe d’utilité, et je finirai par quelques observations sur les écoles en général, la police, les maîtres, les élèves, les livres classiques, les exercices et les bâtiments.


SUPPOSITION.

Je suppose que celui qui se présente à la porte d’une université sait lire, écrire et orthographier couramment sa langue ; je suppose qu’il sait former les caractères de l’arithmétique, ce