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rait une accusation nouvelle qui leur eût échappé, ne donnerait pas une médiocre preuve de sa sagacité[1].

Abstraction faite des qualités personnelles de nos aristarques, convenez, lecteur, que vous n’en savez rien, mais rien du tout, et qu’il serait plus difficile d’accorder les horloges de la capitale que les arbitres de nos productions, quoiqu’il y ait pour eux tous une méridienne commune ; qu’un moyen sûr d’ignorer l’heure, c’est d’être entouré de pendules ; qu’il n’en faut avoir qu’une réglée par le bon goût et par le jugement, et qu’on n’en peut interroger une autre sans répéter toutes sortes de décisions contradictoires et n’avoir point d’avis à soi.

Les preuves qui se déduisent des faits sont bornées ; les conjectures du caprice et de la méchanceté sont infinies. On est dispensé de répondre aux objections de la mauvaise foi. J’ai dit : Vous qui troublez dans ses exercices celui qui visite le jour et la nuit les autels d’Apollon, bruyantes cymbales de Dodone, tintez tant qu’il vous plaira, je ne vous entends plus. Si le dernier qui parle est celui qui a raison, censeurs, parlez, et ayez raison.

  1. Diderot devait être loin de s’attendre à la voir portée contre lui par La Harpe philosophe ; mais La Harpe dévot a sans doute pris ce passage pour un défi. Nous demanderons si en reproduisant, dans la rapsodie qu’on a intitulée Philosophie du XVIIIe siècle, les grossières injures des premiers critiques, il n’a pas donné une médiocre preuve de sagacité ? (Br.) — Nous réservons La Harpe et son réquisitoire pour une occasion plus solennelle.