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EXAMEN DU PROSÉLYTE
RÉPONDANT PAR LUI-MÊME


Je ne croyais pas, monsieur, qu’une plaisanterie sur les partisans déraisonnables de la raison dût vous mettre en dépense d’une profession de foi. Quoique vous nommiez ainsi ce second dialogue, je n’imagine pas que ce soit votre dernier mot. J’y reconnais bien ce que vos maîtres ont dit en plusieurs manières : ce sont leurs sentiments ; mais sont-ce les vôtres ? Vous avez voulu exercer votre esprit en répondant à une plaisanterie par une autre (quoique j’avoue qu’elle est déplacée dans cette matière, et que j’ai eu tort de vous en donner l’exemple), ou, encore plein de raisonnements spécieux, vous vous persuadez de croire comme eux, parce que vous craignez de croire autrement. Leur système est si commode, qu’il doit vous inspirer de la défiance : on n’est point vertueux à si bon marché.

Quoi qu’il en soit, si malheureusement ce que vous avez écrit est d’abondance de cœur comme d’esprit, je ne suis pas fâché que vous l’ayez fait. Ces opinions, ces maximes philosophiques fermentaient avec violence dans votre esprit ; à présent que vous les avez répandues au dehors, vous pourrez raisonner avec plus de sang-froid. Si vous voulez examiner avec moi dans ces dispositions les réponses du prosélyte, je ne doute pas que vous ne rabattiez beaucoup de leur justesse ; et que vous ne conveniez que ce qui paraît plein de force dans la chaleur de l’enthousiasme, en perd beaucoup au tribunal d’un jugement froid et rassis. C’est là que je vous traduis, pour discuter avec moi, sans aigreur, les raisonnements de votre candidat philosophe. Permettez que je lui dise, non à vous :

1o Si vous êtes de bonne foi, avouez que vous vous êtes moins occupé à vous instruire de la religion, qu’à lire les écrits de ses adversaires ; que vous avez penché tout d’un côté ; que vous avez désiré trouver la vérité dans les objections, et craint de la rencontrer dans les preuves.

2o Tout le monde est d’accord avec vous sur la sainteté du