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LE PROSÉLYTE
RÉPONDANT PAR LUI-MÊME
UN SAGE, LE PROSÉLYTE, LE PARRAIN.
le sage.
Que nous présentez-vous ?
le parrain
Un jeune homme de bonne foi, qui cherche la vérité.
le sage.
Est-il instruit ?
le parrain
Il se pique d’ignorer bien des choses que les autres croient savoir.
le sage.
Est-il marié ?
le parrain
Non, mais il espère l’être. Il regarde le célibat comme un attentat contre la nature, et le mariage comme une dette que chacun doit payer à la société.
le sage.
De quelle nation est-il ?
le parrain
Du pays où les enfants jettent des pierres à leurs maîtres[1].
- ↑ Il n’y a guère que deux pays en Europe où l’on cultive la philosophie, en France et en Angleterre. En Angleterre, les philosophes sont honorés, respectés, montent aux charges, sont enterrés avec les rois. Voit-on que l’Angleterre s’en trouve plus mal pour cela ? En France, on les décrète, on les bannit, on les persécute, on les accable de mandements, de satires, de libelles. Ce sont eux cependant qui nous éclairent et qui soutiennent l’honneur de la nation. N’ai-je pas raison de dire que les Français sont des enfants, qui jettent des pierres à leurs maîtres ? (Diderot.)