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le sage.

Promettez-vous de reconnaître la raison pour souverain arbitre de ce qu’a pu ou dû faire l’Être suprême ?

le prosélyte.

Je le promets.

le sage.

Promettez-vous de reconnaître l’infaillibilité des sens ?

le prosélyte.

Je le promets.

le sage.

Promettez-vous de suivre fidèlement la voix de la nature et des passions ?

le prosélyte.

Je le promets.

le sage.

Voilà ce qui s’appelle un homme. Maintenant, pour vous rendre totalement la liberté, je vous débaptise au nom des auteurs d’Émile, de l’Esprit et du Dictionnaire philosophique. Vous voilà à présent un vrai philosophe, et au nombre des heureux disciples de la Nature. Par le pouvoir qu’elle vous donne, ainsi qu’à nous, allez, arrachez, détruisez, renversez, foulez aux pieds les mœurs et la religion ; révoltez les peuples contre les souverains ; affranchissez les mortels du joug des lois divines et humaines : vous confirmerez votre doctrine par des miracles ; et voici ceux que vous ferez : vous aveuglerez ceux qui voient ; vous rendrez sourds ceux qui entendent, et vous ferez boiter ceux qui marchent droit. Vous produirez des serpents sous des fleurs, et tout ce que vous toucherez se convertira en poison.