Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la somme des nisus est grande, plus la somme des translations est petite ; et, réciproquement, plus la somme des translations est grande, plus la somme des nisus est petite. L’incendie d’une ville accroît tout à coup d’une quantité prodigieuse la somme des translations.

Un atome remue le monde ; rien n’est plus vrai ; cela l’est autant que l’atome remué par le monde : puisque l’atome a sa force propre, elle ne peut être sans effet.

Il ne faut jamais dire, quand on est physicien, le corps comme corps ; car ce n’est plus faire de la physique ; c’est faire des abstractions qui ne mènent à rien.

Il ne faut pas confondre l’action avec la masse. Il peut y avoir grande masse et petite action. Il peut y avoir petite masse et grande action. Une molécule d’air fait éclater un bloc d’acier. Quatre grains de poudre suffisent pour diviser un rocher.

Oui, sans doute, quand on compare un agrégat homogène à un autre agrégat de même matière homogène ; quand on parle de l’action et de la réaction de ces deux agrégats ; leurs énergies relatives sont en raison directe des masses. Mais quand il s’agit d’agrégats hétérogènes, de molécules hétérogènes, ce ne sont plus les mêmes lois. Il y a autant de lois diverses, qu’il y a de variétés dans la force propre et intime de chaque molécule élémentaire et constitutive des corps.

Le corps résiste au mouvement horizontal. Qu’est-ce que cela signifie ? On sait bien qu’il y a une force générale et commune à toutes les molécules du globe que nous habitons, force qui les presse selon une certaine direction perpendiculaire, ou à peu près, à la surface du globe ; mais cette force générale et commune est contrariée par cent mille autres. Un tube de verre échauffé fait voltiger les feuilles de l’or. Un ouragan remplit l’air de poussière ; la chaleur volatilise l’eau, l’eau volatilisée emporte avec elle des molécules de sel ; tandis que cette masse d’airain presse la terre, l’air agit sur elle, met sa première surface en une chaux métallique[1], commence la destruction de

  1. Oxyde.