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PRINCIPES PHILOSOPHIQUES


sur


LA MATIÈRE ET LE MOUVEMENT


(1770)




En plaçant ce fragment dans son article Diderot, de la Philosophie ancienne et moderne, de l’Encyclopédie méthodique, Naigeon s’exprime ainsi :

« Cet écrit n’a jamais été imprimé ; une dissertation, publiée en 1770 par un anonyme, en a été l’occasion. Un ami de l’auteur et qui l’était aussi de Diderot le pria d’examiner cette dissertation et de lui en dire franchement son avis. Cet examen a produit les réflexions qu’on va lire. On y reconnaît surtout combien l’étude de la chimie, dont Diderot s’était occupé pendant plusieurs années, avec cette aptitude qu’il avait pour toutes les sciences, lui avait été utile. Les applications qu’il a su faire depuis de ces connaissances si nécessaires et sans lesquelles il ne peut y avoir ni bonne physique ni bonne philosophie font regretter qu’il n’ait pas pris plus tôt les leçons de Rouelle. C’est dans le laboratoire de ce grand chimiste qu’il aurait trouvé la réponse à la plupart des questions qui terminent ses Pensées sur l’interprétation de la Nature, ou plutôt il ne les aurait jamais proposées : car une grande partie de ces doutes, si difficiles à éclaircir par la métaphysique, même la plus hardie, se résolvent facilement par la chimie.

« C’est sur le manuscrit autographe de Diderot que je publie ce fragment précieux de sa philosophie. »




Je ne sais en quel sens les philosophes ont supposé que la matière était indifférente au mouvement et au repos. Ce qu’il y a de bien certain, c’est que tous les corps gravitent les uns sur les autres ; c’est que toutes les particules des corps gravitent les