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CCXVII.

La liberté d’écrire et de parler impunément, marque ou l’extrême bonté du prince, ou le profond esclavage du peuple ; on ne permet de dire qu’à celui qui ne peut rien.


CCXVIII.

Un peuple fier comme le peuple romain, lorsqu’il dégénère, est pire qu’aucun autre ; car toute la force qu’il avait dans la vertu, il la porte dans le vice : c’est alors un mélange de bassesse, d’orgueil, d’atrocité, de folie ; on ne sait comment le gouverner ; l’indulgence le rend insolent, la dureté le révolte.


CCXIX.

Appeler le soldat camarade un jour de bataille, c’est accepter sa part du danger commun ; c’est descendre au rang de soldat ; c’est élever le soldat au rang de chef. Ce ne peut être que le mot d’un homme brave. Un lâche n’oserait pas le dire, ou le dirait mal. C’est le mot de Catilina : Vel imperatore, vel milite, me utimini[1].


CCXX.

Après la bataille de Pharsale, Labienus fit courir le bruit que César était grièvement blessé. Aux portes de Mantes, le Mayenne en fit autant. « Mes amis, dit-il, ouvrez-moi, nous avons perdu la bataille ; mais le Béarnais est mort. »


CCXXI.

Salluste a fait l’histoire de toutes les nations dans le peu de lignes qui suivent. « J’ai beaucoup lu, j’ai beaucoup entendu, j’ai beaucoup médité sur ce que la république avait achevé de grand dans la paix et dans la guerre ; je me suis interrogé moi-même sur les moyens qui avaient conduit à une heureuse fin tant d’entreprises étonnantes, et il m’a été démontré que cette

  1. Apud Sallust. Bell. Catilin. cap. xxi. (N.)