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CLXIX.

« Le discours de Galba était avantageux pour la République ; périlleux pour lui. » Galbæ vox pro republica honesta, ipsi anceps ; legi a se militem, non emi[1]. J’ai bien peur que ce discours de Galba ne fût qu’un compliment sans conséquence.


CLXX.

Caton le censeur ! qu’on me le ressuscite, et j’en ferai un excellent prieur ou gardien de couvent. Ce n’est pas là un chef de grande république ; la sévérité déplacée est pire qu’un vice. Il divisa l’État en deux factions, et pensa le renverser. Il eût été la machine d’un profond hypocrite. Il eût allumé la guerre civile à son péril et au profit de son rival.


CLXXI.

Un des grands malheurs du vice, lorsqu’il est général, c’est de se rendre plus utile que la vertu. Galba, l’honnête Galba, fut de son temps ce qu’un homme de probité est toujours à la cour ; ce qu’un souverain équitable serait de nos jours en Europe. « Le reste n’est point ajusté à cette forme ; » nec enim ad hanc formam cætera erant. Je ne sais si j’aurais été saint Louis ; mais, aujourd’hui, il serait à peu près ce que je suis[2].


CLXXII.

Machiavel dit : Le secret de l’empire. Tacite, beaucoup plus sage, et nommant les choses par leur vrai nom, dit : Le forfait de l’empire[3].


CLXXIII.

Le véritable athéisme, l’athéisme pratique, n’est guère que sur le trône ; il n’y a rien de sacré ; il n’y a ni lois divines, ni

  1. Tacit. Hist. lib. I, cap. v. (N.) Voyez note 2, page 489.
  2. C’est toujours Frédéric II qui parle.
  3. Diderot n’y avait pas bien regardé. On trouve également dans Tacite : Dominationis arcana ; dominationis flagitia ; arcana imperii tentari etc. Voyez Tacit. Annal, lib. II, cap. lix ; lib. XIV, cap. xi ; lib. II, cap. xxxvi ; Hist. lib. I, cap. iv. Le même bistorien dit aussi : Arcana domus. Voyez Annal, lib. I, cap. vi. (N.)